L’homme qui a détruit leur vie: Whitney Houston dans les griffes de Bobby Brown
February 20, 2020 | News | No Comments
Avant de le connaître, elle était la star la plus charismatique de sa génération. Mais, après leurs noces, en 1992, la chanteuse a sombré dans le malheur, la drogue, la destruction. Chronique d’un mariage au bout de l’enfer.
Par cette fin d’après-midi étouffante et ténébreuse, c’est le chant d’un oiseau dans l’arbre en face de sa fenêtre qui l’a sortie de sa torpeur narcotique. Whitney a dû dormir tout l’après midi, terrassée par l’abus de cocaïne, de marijuana, de benzodiazépines… Elle est très nerveuse. Le compte à rebours a commencé. Dans moins de vingt-quatre heures, en jet privé, elle volera vers Los Angeles. Après quatorze ans de mariage, elle aura finalement plaqué Bobby Brown. Ses amis ont déjà commencé à organiser sa nouvelle vie. En secret, ils lui ont loué une villa dans le comté californien d’Orange. Clive Davis, son pygmalion, son producteur, l’homme qui lui a permis de vendre plus de 140 millions d’albums, croit toujours en son talent : « Nippy, ça ne peut pas finir ainsi, jure-t-il. Le monde veut à nouveau t’entendre. »
Entre l’ombre d’un mariage mortifère et la lumière d’un possible come-back – elle préfère le terme « come through » (survivre, s’en sortir, en américain) -, Whitney a choisi. « Tu es libre, vocalise l’oiseau. Personne ne peut te garder en cage. » Si demain Bobby l’interroge, elle répondra qu’elle sort « acheter un peu de sucre et du lait et qu’elle revient tout de suite. » La fuyarde a prévu de n’emporter qu’un sac avec « un ou deux jeans, une paire de baskets, quelques sous-vêtements ». Elle espère juste avoir suffisamment de cran pour lui tenir tête au moment fatidique. C’est que son époux règne désormais en maître sur l’ensemble du domaine et du parc immense entouré de hauts murs de Tullamore, leur demeure dans la banlieue chic d’Atlanta, la capitale de Martin Luther King et de Coca-Cola.
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En cet été 2006, alors qu’elle se barricade de plus en plus souvent dans sa chambre, Bobby l’effraye avec son comportement de possédé. Sur les murs, les portes, les miroirs, il a peint des yeux menaçants. « J’entrais dans ma salle de bain, j’allais aux toilettes… Et ils me scrutaient, confessera-t-elle par la suite. C’était bizarre. » Dans le hall d’entrée, il a mutilé le portrait de famille qui les représente tous les trois avec Bobby Kristina, leur fille de treize ans, découpant soigneusement aux ciseaux le visage de son épouse. Bobby s’est aussi débarrassé de Tante Mae qui prend soin de Whitney depuis ses débuts. A sa place, il a imposé sa sœur, Tina Brown, une fille qui n’a jamais rien fait de sa vie mais qui n’a pas mis longtemps à comprendre comment profiter de la situation.
La garce a vendu les clichés d’une salle de bains immonde, envahie de détritus, de produits toxiques, de seringues, prenant visiblement beaucoup de plaisir à salir dans la presse une belle- sœur trop célèbre : « A la maison, les dealers défilent matin, midi et soir. Ils profitent d’elle. Elle dépense plusieurs centaines de milliers de dollars pour sa consommation personnelle. Une fois, Bobby a même reçu le coup de fil d’un trafiquant pour qu’il vienne chercher ‘sa pute’ de femme dans un crackhouse d’Atlanta… » A croire que ces deux-là ont signé un pacte afin de lui faire perdre la tête…
Mais Whitney n’a pas enlevé son portrait en star décapitée. Accroché sur le mur en face de l’escalier qui conduit aux appartements du premier étage, il témoigne de la violence de Bobby. Chaque fois qu’elle passe devant, elle se rappelle de ne pas être faible, de ne pas pardonner le drame qui a eu lieu ici même il y a quelques mois. Elle raconte : « En février, nous avions fêté son anniversaire dans une boîte d’Atlanta. Mais Bobby était vraiment saoul et tous mes efforts pour lui plaire se retournaient contre moi. De retour à la maison, il m’a craché plusieurs fois au visage. Du haut de l’escalier, ma fille a vu toute la scène. J’ai appelé une amie afin qu’elle vienne me chercher. Mais quand je me suis dirigée vers la porte, il m’a plaquée au mur, les yeux pleins de haine. Avec mon téléphone, je l’ai frappé de toutes mes forces. Il s’est écroulé. Ma fille hurlait : Papa, papa. »
Pauvre Bobby Kristina… Elle n’en est pas à son premier traumatisme. En 1997, l’enfant n’a rien su d’une assiette que Bobby aurait fracassée d’un coup de poing et dont l’un des débris a blessé Whitney au visage, une coupure de plus de cinq centimètres que les médecins n’ont fait disparaître qu’à la suite d’une chirurgie réparatrice exceptionnellement compliquée. En revanche, fin 2003, elle a entendu sa mère composer le 911, la ligne d’urgence de la police. Elle a entraperçu les inspecteurs qui, dans leur rapport, ont fait état d’une femme battue, avec la lèvre supérieure tailladée et un hématome de plusieurs centimètres sur la joue gauche. Face aux juges, Whitney niera avoir été frappée. « Bobby était en période probatoire, expliquera-t-elle. En témoignant contre lui, je risquais d’envoyer mon mari en prison. »
Mais cette fois, il ne s’agit ni d’elle, ni de lui, ni de leur amour destructeur… Il s’agit de la santé mentale d’une fillette boulimique qui souffre depuis trop longtemps de la cruauté de ses parents. Par ses faiblesses, sa toxicomanie, son égocentrisme, Whitney mesure le mal qu’elle leur a fait : Bobby Kristina, Cissy Houston, sa mère, Robyn Crawford, sa plus proche amie et son bras droit, sèchement congédiée pour l’avoir sermonnée sur son comportement. Avec eux comme avec tant d’autres, la star s’est montrée hautaine, méprisante, capricieuse. « Parfois, je rêve d’une vie simple avec ma fille, confesse-t-elle comme pour retrouver bonne conscience. Être sur une île déserte. Manger des fruits sur la plage… » Pour l’heure, le plus urgent est d’éloigner Bobby Kristina. « Elle est retournée vivre chez mon frère Gary et ma belle sœur Pat, dit-elle. Ils avaient déjà pris soin d’elle par le passé… »
Il fait nuit sombre lorsque Whitney pénètre dans le salon où Bobby est entouré de sa bande d’oiseaux de nuit sur le départ. Entre timidité et arrogance, trois jeunes et jolies choristes la dévisagent. La star se demande avec laquelle Bobby couche, lui qui finance ses liaisons extraconjugales sur la carte de crédit de son épouse. « Il m’a toujours trompée. Je ne l’espionnais pas mais je savais. Ça me posais un gros problème, mais je laissais faire : j’étais raide amoureuse de lui. » Avec son sixième sens, ce soir-là, leur dernier sous le même toit, Bobby a sûrement senti quelque chose de bizarre dans son attitude.
Derrière ses lunettes cerclées de métal, ses yeux se font tendres. Sa voix est douce. Il retrouve cet air de petit garçon qu’il a toujours eu lorsqu’il veut faire la paix. Par le passé, Whitney aurait fondu. En 2003, lorsque sa mère avait débarqué, flanquée du Shérif afin de la « sauver de Satan » et l’envoyer en cure de désintoxication, elle avait préféré revenir vivre l’enfer à ses côtés. « Il était ma drogue, confie-t-elle. Nous étions partenaires. Rien que lui et moi. Tout ce que nous faisions, nous le faisions ensemble. » Illusion romantique d’une jeune fille trop bien élevée et pressée de se soustraire à l’emprise d’une mère tyrannique et d’un père raté. « Bobby était un macho, explique Gary, son frère. Ma sœur n’avait presque pas connu d’homme avant lui et elle était lasse de son image de bonne petite bourgeoise pratiquante. »
Diagnostiqué bipolaire, l’ancien petit voyou de Boston, blessé par balle dans sa jeunesse, n’aura jamais au fond cherché qu’à la contrôler, à la posséder, à la soumettre. Pour lui, Nippy a dépensé des centaines de milliers de dollars, payant les pensions alimentaires, le tirant d’affaire avec la justice, lui donnant toujours le beau rôle en public – « c’est madame Brown, pas l’inverse » -, acceptant même de se ridiculiser dans « Being Bobby Brown », un reality show minable à la gloire de son mari. « Il n’a jamais été en mesure de supporter l’immense célébrité de ma fille » regrette Cissy Houston. Bobby Brown ou les ravages de l’envie !
Parce qu’il n’avait pas le centième de son talent, un artiste médiocre a préféré étouffer celui d’une chanteuse hors normes, la coupant de sa famille, de son métier, lui apprenant la révolte et la paresse, flattant ses vices, nourrissant ses addictions… Elle acquiesce : « Oui, Bobby a toujours été jaloux de moi, de mon talent, de ma fortune… Ça a été notre malédiction… » En 1992, une femme amoureuse abandonnait sa musique pour son mari. En 2006, une star déchue en quête de rédemption s’apprête à quitter son mari pour retrouver sa musique, quoiqu’elle ignore encore qu’elle n’a malheureusement plus aucun avenir dans le métier et qu’il ne lui reste que six ans à vivre. Las… En refermant définitivement la grille de sa demeure d’Atlanta, Whitney Houston a prêté l’oreille. Mais aucun oiseau n’a eu le cœur de lui chanter au revoir…
Crédits photos : Anonymous